Il avait donc raison, c'est loin d'être si simple
« Vivons simplement pour que d'autres puissent simplement vivre. » Ce cher Gandhi était bien en avance sur son monde. Il avait, à mon avis, résumé le développement durable dans toute sa globalité et avant tout le monde. Comment arriver à une croissance (puisqu’il faut bien se développer) tout en prenant en compte les aspects environnementaux et sociaux (puisque de la santé de ces domaines dépend la survie de ce monde) ? Comment ? L’avenir de la planète en dépend ! Sûrement en vivant le plus simplement possible pour atteindre le brahmacharya comme Gandhi le désirait.
Je suis d’avis que, comme Gandhi, chacun a sa pierre à poser pour construire ce monde durable, ce monde qu'il faudrait à la fois vivable, viable et équitable. Tout le monde a sa partition à jouer et le rôle et même le devoir de l’information n’est plus à démontrer. Ce qui est sûr c’est qu’on a, en général, peur de ce que l'on ne connait pas. L’inconnu est sûrement la plus grande cr ainte obsessionnelle de notre civilisation. Cette ignorance, décalage entre une réalité démontrée et un voile de perceptions, est à l’origine de tant de réticences et de passions.
L’information pourrait donc lever le voile, ouvrir les yeux à chaque être humain de cette planète. Bien sûr faudrait-il que ces braves gens trouvent un quelconque intérêt à rendre soutenable la vie sur terre. En estimant qu'un intérêt connexe - la survie de l'humanité - est très largement ancré de manière sociale, religieuse ou même culturelle, l’information pourrait maintenant agir pour montrer la voie, pour motiver et sans cesse rappeler à l’ordre les brebis galeuses.
J’ai tout de même une petite impression. J’ai le sentiment que depuis le rapport Brundtland de 1987, ce concept, le développement durable, a lui-même du mal à croitre de manière soutenable. Le développement durable est entré dans le spectre de l’effet de mode il me semble. Il est devenu très bien vu de rappeler ce concept dans une allocution publique. Souvent en omettant l’aspect social, d’autre fois celui environnemental, parfois même les deux ! La communication institutionnelle a, quant à elle, par exemple, vite fait de se mettre au diapason. Les portails institutionnels accordent désormais une large page à tout un discours sur la responsabilité sociale d’entreprise. Maintenant on a même vite fait d’adopter le newlook qui préfère parler de responsabilité sociétale d’entreprise, un dernier lifting apporté à ce concept. Et puis on va dans tous les sens.
A première vu, ça y est, le développement durable est adopté, le monde entier est dessus. Pourtant, je n’y vois, moi, pas plus qu’un brouhaha. En 2000 est en plus venu s’y ajouter les OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement). Un petit tour sur internet m’apprend qu’il s’agit en fait de huit objectifs généraux que les états membres de l’ONU ont convenu d’atteindre en 15 ans. Le septième objectif veut assurer un environnement humain durable. C'est bien ce que j'ai lu : "environnement HUMAIN durable". Et depuis, les OMD ont , eux aussi, eu une place de choix aux côtés du développement durable dans les discours de bonne volonté. Et le brouhaha qui se poursuit alors qu’on est en 2010.
Si vraiment le développement durable est un concept auquel le monde entier croit sincèrement, alors, adoptons-le, tous, sans exception, maintenant ! Et pourtant j’en arrive à donner plus de crédit aux Etats Unis d’Amérique qui refusent de ratifier le protocole de kyoto qu’aux autres états qui, après la troisième conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, ont vite fait de ratifier ce protocole sans, par la suite, en prendre compte de quelques manière que ce soit.
Il faut donc que l’information arrive à jouer son rôle au près de l’opinion publique. Il se pose aujourd’hui un tas de questions. Bien entendu pour informer il faut déjà en savoir plus que son public ce qui, il me semble, est rarement le cas, en tous les cas pour ce qui est du Sénégal. Il faut aussi que l’émetteur soit dans les conditions naturelles de température et de pression pour que le message soit bien transmis. C’est également rarement le cas. Il faut enfin et surtout que l’émetteur soit lui-même déjà convaincu de la véracité de l’information qu’il doit transmettre. Cela est tout aussi rarement le cas. Quand un journaliste rabâche à tout vat que les ordures ménagères sont un gros problème qui ralenti la course vers le développement durable et que c’est ce même journaliste qui est le premier à jeter dans la rue tous ses déchets, je me dis qu’il y a problème. C’est comme l’Imam qui vit tout le contraire de ses sermons. C’est devenu légion me dira t-on. J’aimerai tant un retour à l’information vécue.
PS : Le développement durable, ce ne sont pas que les énergies renouvelables. Je veux dire qu’il faut qu’on arrête d’en faire une déclinaison de ce qui intéresse immédiatement les humains dans notre société de consommation. Oui l’énergie solaire c’est du développement durable, mais quand il s’agit de plaques photovoltaïques fabriquées dans un pays pauvre par des enfants qu’on exploite, là ce n’est plus le développement durable. Oui les sacs biodégradables c'est très bien mais quand c'est pour emballer du thon rouge menacé par la surpêche, là ce n'est plus du développement durable. Aussi faut-il préciser que le développement durable veut une survie soutenable de la planète et non juste des êtres humains. Même l'extermination des mouches que tout le monde déteste pourrait être un danger pour la planète toute entière. Il ne s'agit guère du développement durable de l'humanité mais il s'agit du développement durable de la planète. Bon, si l'on considère que du développement durable de l'humanité dépend le développement durable de tout le reste de l'écosystème, cela devrait aller de soi qu'en voulant se protéger, une partie de l'humanité devrait prendre en compte le reste des humains ainsi que la faune et la flore. Mais, notre civilisation l'a t-elle vraiment comprit ainsi ?